1) Même s'ils donnent à voir une assez large palette des évolutions induites par la transition écologique sur les modes de vie, les quatre scénarios de l'ADEME dont j'ai tracé les grandes lignes ces derniers jours ne rendent pas compte de tous les futurs possibles.
D'autres vont s'inventer et se construire en cours de route.
Il y aura bien sûr des tâtonnements et des bifurcations.
2) C'est aussi cela qui est passionnant dans la transformation : on sait (en général) vers où aller… mais le chemin est à créer.
Un chemin au cours duquel naissent de nombreuses questions sur le comment, mais aussi sur le quoi.
L'un de mes clients, dirigeant au sein d'une grande entreprise, reprenait à son compte la formule bien connue : "Le sens est dans le chemin." Il faisait notamment écho aux travaux du philosophe sinologue François Jullien et à son "Traité de l'efficacité".
3) Si on ne sait pas tout dessiner à l'avance, on peut créer les conditions pour que l'intention initiale se concrétise au mieux.
Cela ne va pas de soi dans un système complexe multi-acteurs et structures. Les interactions, les "coûts de transactions", y dévoient souvent le sens (ce qu'Edgar Morin a décrit dans ses travaux sur la complexité).
C'est précisément ce qui est en jeu dans une gouvernance de la transformation.
Elle ne ressemble en aucun cas à "la" gouvernance telle qu'on l'évoque le plus souvent.
Elle ne s'attache pas à réduire l'incertitude, mais à créer une vraie dynamique.
Elle procède d'une réflexion spécifique sur la temporalité du processus.
Elle pense les marges d'initiative des acteurs, la bonne manière de les soutenir, la méthode et le niveau pertinent d'élaboration des décisions.
Une véritable orchestration qui va de pair avec une information conçue pour nourrir les différents acteurs et convoquer leur intelligence individuelle ainsi que collective.