L'histoire que relate le film "En guerre" est désormais fréquente, sinon banale. Un grand groupe international décide de fermer une usine moins rentable que les autres. Les salariés s'y opposent. Tout s'enchaîne en un dialogue de sourds qui vire au drame.
Les acteurs en présence - direction de l'entreprise, responsables syndicaux, conseiller social de l'Élysée - sont chacun dans leur rôle. Les syndicats avaient négocié deux ans auparavant une réduction des salaires contre la promesse du maintien de l'emploi pendant cinq ans : leur sentiment de trahison est compréhensible et leur colère légitime. Impossible d'incriminer le conseiller social qui s'évertue à ce qu'une solution émerge. Quant à l'entreprise, difficile de lui reprocher d'exercer son droit fondamental, la liberté d'entreprendre.
Pourtant, quelque chose cloche. Lorsqu'une solution proposée par un repreneur sérieux est posée sur la table, elle est refusée par la direction du groupe. Les experts la considèrent pourtant comme viable. Mais c'est la décision du groupe qui prévaut, et il n'est pas vendeur.
Cela signifie-t-il qu'au lieu de conserver une usine et ses centaines d'emplois, avec en arrière-plan les familles et le territoire qu'elle fait vivre, on préfère laisser détruire un site de production ?
Soit le droit est mal fait, et il est urgent d'y remédier. Soit c'est inévitable… et alors la défiance à l'égard des entreprises que l'on ne cesse de déplorer en France n'est pas près de s'atténuer. Quant à la réindustrialisation de nos territoires, on peut toujours rêver !