Parmi les apports des neurosciences, figure la reconnaissance de l'émotionnel. C'est-à-dire, tout simplement, l'acceptation de l'humain, avec sa part d'irrationnel. Une dimension que l'on a pourtant fréquemment tendance à déplorer, voire à nier – notamment en entreprise ou dans tout collectif de travail.
À l'heure du digital et de l'intelligence artificielle, on ne peut que s'en réjouir. Notre humanité voit se dessiner de belles perspectives : contrebalancer ce qui pourrait contribuer à la déshumanisation et à la perte de sens susceptibles d'être induites par les innovations technologiques.
Mais cette meilleure compréhension de l'émotionnel peut également ouvrir la porte à toutes sortes de dérives. La tentation est en effet grande – c'est aussi humain ! – de vouloir tout contrôler. Si bien qu'au nom d'une transformation estimée nécessaire, pourquoi ne pas chercher à exploiter les émotions, dont on pourrait faire un formidable levier d'adhésion au changement ?
C'est là que s'impose une éthique de la transformation. Prendre en compte la part d'émotionnel des personnes concernées est indispensable : c'est précisément reconnaître leur dimension humaine. Exploiter leurs émotions relève d'une manipulation inacceptable, dangereuse et destructrice de confiance. La frontière est ténue. Elle n'en est pas moins essentielle.