Gouvernement Macron, acte I. Tout le monde n'a bien sûr pas voté pour le nouveau Président. Les querelles droite/gauche, entre tenants du libéralisme et opposants, ne s'éteignent pas pour autant. Des critiques émergent sur un exercice du pouvoir trop autoritaire. Mais un vent de renouveau souffle. L'espoir renaît : celui en la capacité de transformer un pays réputé ingouvernable et d'avancer.
Acte II. La révolte des gilets jaunes gronde. Elle dit "Trop, c'est trop !". Taxe sur le diesel et hausses des carburants ont mis le feu aux poudres. Cri de colère, expression d'une souffrance méconnue ou négligée, amalgame de revendications multiples, sentiment de mépris, exigence de compréhension – au sens de "prendre avec soi" -, le mouvement des gilets jaunes dit tout cela et aussi bien d'autres choses.
Une chose est sûre. On ne transforme pas "contre". Dorénavant, on ne peut plus transformer "sans". Il faudra donc faire "avec". Ce qui implique d'imaginer d'autres voies pour transformer ensemble, en forgeant une nouvelle "capabilité" collective, pour reprendre le terme d'Amartya Sen.
La condition ? Revisiter nos modèles, représentations et pratiques de l'exercice du pouvoir. À l'heure d'internet et dans une démocratie censément mature, c'est avant tout une nouvelle relation gouvernants-gouvernés qu'il faut s'atteler à inventer. Celle qui permettra non pas le "vivre ensemble" – formule éculée qui n'a eu d'autre effet que de cautionner la multiplication des fractures et exclusions de toute nature – mais le "construire ensemble". Un enjeu à la mesure d'un Président qui se réclame de la modernité ?